Le château de Najac est une ancienne forteresse royale qui se dresse sur la commune de Najac, dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie, à la limite occidentale du Rouergue, aux confins du Quercy et de l’Albigeois. Elle est édifiée entre 1253 et 1266 par Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, sur les bases d’un ancien castrum, et sur son donjon roman, construits vers 1100 par Bertrand de Saint-Gilles, fils de Raymond IV, comte de Toulouse.
Najac était le siège d’une viguerie royale. Plusieurs des articles des privilèges accordés à Najac en décembre 1368, indiquent que ce fut pendant le siège de la sénéchaussée de Rouergue jusqu’en 1370, date à laquelle il fut établi définitivement à Villefranche-de-Rouergue.
Les vestiges du château et sa deuxième enceinte font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques, par arrêté du 3 juillet 1925
Le château de Najac est situé dans le département français de l’Aveyron, sur la commune de Najac. Il occupe une position dominante dans la basse vallée de l’Aveyron, voie de circulation entre Rodez et Saint-Antonin. Il fut l’un des points forts de l’influence toulousaine dans la vallée de l’Aveyron et du Viaur, contre les positions des TrencavelNote 1 en Albigeois, au sud, et celles des Barcelone, à l’est.
Vers 960-980 et vers 990, est signalé un nommé Bernard de Najac, Bernadus Najacensis et de Najago. La présence d’une famille dite de Najac est toujours attestée sur le site au xiie siècle. Elle partagerait ses droits avec des lignages locaux, dont les Cadoule (Cadoillia)Note 2, et les Gros. Le château serait mentionné, pour la première fois, à la fin du xie siècle, dans un passage du Livre des miracles de sainte Foy (Liber miraculi Sancte Fide), qui évoque un castellum appelé Najac (castellum rusticorum lingua dictum Nagiacum).
Le bourg est dominé par le château, construit en deux périodes distinctes :
Après 11122, la place, qui occupe une position de verrou de la Basse-Marche de Rouergue, est grandement renforcée par les comtes de Toulouse, après que ces derniers aient consenti un partage de leurs droits ; ce qui deviendra la vicomté de Millau et le comté de Rodez passant aux comtes de Barcelone.
En 1141-1142, Alphonse Jourdain, comte de Toulouse, est battu par Roger Ier TrencavelNote 3, vicomte de Carcassonne, lors de la Grande guerre méridionale (de la fin du xie siècle à la fin du xiie siècle). Des chevaliers et des coseigneurs de Najac tels que les vicomtes de Bruniquel, de Lautrec, de Saint-Antonin et les seigneurs de Villemur font partie du réseau que se sont constitué les Trencavel. En 1152 et 1162, dans des actes portant sur le castrum quod vocatur Verdun, Gaubert de Najac est témoin du vicomte Raymond Trencavel. En février 1182 (nouveau style)Note 4, le comte de Toulouse Raymond V est autorisé, par le roi de France, à tenir en accroissement de fief les châteaux de Najac et de Posquières (Vauvert). Le 14 avril 1185, se retrouvent à Najac Richard Cœur de Lion et Alphonse d’Aragon, afin de conclure un traité d’alliance contre le comte de Toulouse, lors du conflit qui oppose à l’époque les Trencavel, Aragon et Plantagenêt aux comtes de Toulouse.
En 1208, Bernard de Najac est témoin du comte Raimond VI. Cette même année, huit châtelains de Najac rendent hommage au comte. En janvier 1219, Guilhem-Bernard, dominus de Najaco, est témoin d’une donation faite par Raymond VI à la ville (apud Najacum). En septembre 1222, le même fait serment au nouveau comte Raymond VII et promet « de ne conclure de paix séparée sans son accord, ni avec le roi de France, ni avec l’Église, ni avec aucun autre de ses ennemis ». En mai 1227, se sera au tour de l’ensemble des coseigneurs de Najac de prêter sermentNote 5.
En 12262, le roi Louis VIII fait étape à Najac lors de sa remontée de Montpensier. Philippe III fera de même lorsqu’il remonte d’Albi vers Figeac, via Villefranche. Le 6 juillet 1229 le comte Raymond VII y reçoit, pour la tenue en fief du castrum de Najac, l’hommage de Guilhem-Bernard de Najac, de Géraud de Cadoule (Cadoilla) et d’autres seigneurs de Najac. En 1246, Raymond VII rachète les parts de la famille Cadoule, l’un des lignages principaux. Il y installe dès lors un châtelain comtal ainsi qu’un baile et en fait l’une des trois baillies du RouergueNote 6. Le comte de Toulouse à la suite du traité de Lorris de janvier 1243 (nouveau style) est dans l’obligation de laisser pour cinq ans à partir de mars 1243 (nouveau style), les châteaux de Laurac, Najac, Penne-d’Agenais et Puycelsi. Ces châteaux lui seront restitués par Louis IX qui ordonne, en février 1248, (nouveau style) à son sénéchal de Carcassonne de les lui remettre et de transférer à Carcassonne les vivres et les armes qui étaient dans ces places.
Par crainte de voir Alphonse de Poitiers, gendre de Raimond VII (mort à Millau en septembre 1249) et frère du roi de France, s’emparer de Najac, les seigneurs locaux se révoltent, menés par Guilhem de Lavalette et ordonnent au châtelain3 ainsi qu’au baile comtal de leur donner les clés de la turris. Les seigneurs de Brenx, Caussade, Laguépie, Najac, Parisot, Puylaroque et Rabastens se réunirent secrètement à Laguépie afin d’en faire appel à Blanche de Castille. C’est finalement Sicard Alaman, représentant du comte Alphonse de Poitiers alors en Orient, qui se fait ouvrir le 3 janvier 1250 la turris, après tractations. Alphonse obtiendra des coseigneurs la cessions des derniers droits féodaux et leurs hommages.
Alphonse de Poitiers remet tout en ordre avec beaucoup de hauteur de vue: il crée dans ses États un ensemble administratif (sénéchaussée, consuls), développe les marchés et les villes nouvelles, comme la bastide de Villefranche-de-Rouergue en 12522. Il va aussi manifester sa puissance, pas seulement pour impressionner les habitants et seigneurs de la région qu’il a pacifiée, mais aussi par rapport au Plantagenets qui occupent une partie du Rouergue, du Quercy et de l’Aquitaine, en reconstruisant le château de Najac qui ne comporte à l’époque qu’une tour carrée bâtie vers 1100 par les comtes de Toulouse. Jean d’Arcis, sénéchal du RouergueNote 7, entreprend la construction, en 1253, du château neuf sur l’éperon étroit et escarpé où se trouve une unique tour carrée construite vers 1100 qui va être remaniée et englobée dans un château fort gothique, du modèle dit Philippien. Les courtines sont élevées à 25 mètres de hauteur, inaccessibles aux échelles des assaillants. L’étroitesse de l’éperon, défendu par plusieurs lignes d’enceinte, rend vaines les bombardes et périlleuse l’approche. Les nouvelles tours rondes, implantées directement sur le roc, découragent la sape. Leurs archères hautes de 6,80 mètres, réputées les plus hautes du monde, permettent la défense dans toutes les directions. À 39 mètres, la terrasse du donjon permet de communiquer avec les autres points forts de la région.
À la fin du xive siècle, pendant dix ans, les Anglais occupent le territoire et son château, mais un soir, les Najacois réussissent à pénétrer dans le château par ruse, tuent la garnison anglaise et reprennent possession des lieux.
Najac demeure jusqu’en 1370 le chef-lieu de l’importante sénéchaussée de Rouergue, s’étendant sur le territoire de six cantons actuels de l’Aveyron et de Tarn-et-Garonne, année où le siège du sénéchal est déplacé à Villefranche, Najac ne conservant qu’un viguier.
Jusqu’aux guerres de religion, la population et son château vivent calmement. Pendant cette période sombre où calvinistes et catholiques s’entretuent, le château est occupé par le seigneur de Morlhon, un protestant. Mais cela dure peu : les catholiques, commandés par François de Buisson de Bournazel, entreprennent le siège du château et, au bout de quelques mois, les assiégés étant à bout de vivres et d’eau, le siège prend fin.
Au cours de l’été 1643, le château de Najac est pris par les paysans révoltés lors de la jacquerie menée par Bernard Calmels, dit Lafourque. Cette révolte qui avait soulevé plus de 10 000 paysans, avait échoué devant Villefranche-de-Rouergue. Les troupes de Mazarin, menées par le comte de Noailles, gouverneur de Najac, reprennent le château. Bernard Calmels et deux de ses lieutenants, Ferrier, et le tisserand Mathieu Vergnes, sont arrêtés, condamnés et roués vifs en octobre 1643. La tête de Bernard Calmels sera exposée au bout d’une pique sur une tour de Marcillac d’où était partie la révolte4.
Après cette période, le château de Najac n’est plus utilisé, on le laisse dépérir, se délabrer, et ce n’est qu’à la Révolution française qu’il reprend un rôle assez important, mais dommageable. Vendu comme bien national en 1794, le château est racheté pour douze francs par un aubergiste du pays qui s’en sert comme carrière de pierre pour construire des maisons[réf. nécessaire]. Selon certains témoignages[Qui ?], au milieu du xixe siècle un accident où trois ouvriers périssent entraîne l’arrêt des travaux de démolition[réf. nécessaire]. Le château est ensuite laissé à l’abandon.
Le château a été sauvé de la ruine par la famille Cibiel.
À la fin du xixe siècle, le château est rénové en partie par l’abbé Brunis qui le revend à la famille de Montalivet. Celle-ci le rénove entièrement et en fait un lieu touristique de l’Aveyron. Ainsi, le château n’a jamais été attaqué, n’a jamais été pris, demeurant un témoignage important du patrimoine de l’époque.
À cette époque, le village, un bourg castral, se blottit au pied du château qui assure la défense de la vallée. Le mariage des deux châteaux en fait un chef-d’œuvre de l’architecture militaire du xiiie siècle[réf. nécessaire].
Les archères de 6,80 m, uniques au monde[réf. nécessaire], permettent le tir de trois archers à la fois. Un couloir secret relie la tour romane à la chapelle du donjon. Le donjon dominant de 200 m la boucle de l’Aveyron a pour conséquence que sa prise équivaut à détenir la clé de tout le pays[réf. nécessaire]. La forteresse est rattachée à la couronne et ne subit aucune attaque.
Le château est ouvert à la visite. Pour les visiteurs arrivant du bas de la colline, il y a donc une colline à grimper, assez raide mais surmontable.
(Source)